Les Secrets du Thé Mauricien : Des Plantations à la Tasse

La culture du thé à l'île Maurice est une aventure fascinante qui remonte à plus de deux siècles. Introduit au XVIIIe siècle par les français puis développé sous l'influence britannique, le thé s'est épanoui sur les pentes verdoyantes de l'île, où le climat tropical et les reliefs se sont avérés propices à sa culture. Aujourd'hui, le thé mauricien est un symbole fort de l'identité de l'île, tant pour ses habitants que pour les visiteurs à la recherche de saveurs authentiques.

Le thé est une boisson aromatique fabriquée par infusion de feuilles séchées de l'arbre Camellia Sinensis, originaire du sud de la Chine. Tous les thés sont issus de cette même espèce, qui se subdivise en 3 variétés botaniques (sinensis, assamica et cambodiensis). Les théiers, peuvent atteindre plus de 10 m de hauteur, même si aujourd’hui dans les plantations, pour faciliter leur récolte, ils ne dépassent pas les 1.5 m. Il existe 6 types de thé, qui se différencient selon leur oxydation :

  • Thé Vert (Non-oxydé)

  • Thé Blanc (Très faible oxydation, environ 12%)

  • Thé Oolong (Semi-oxydation, pouvant aller jusqu’à 70%)

  • Thé Noir (Oxydation complète)

  • Pu Er (Oxydation naturelle pendant une longue période)

Qu'est-ce que le Thé ?
L'Histoire du Thé

Le thé est reconnu pour ses nombreux bienfaits sur la santé, soutenus par diverses études scientifiques. Riche en antioxydants, en particulier les polyphénols, le thé est efficace pour réduire le stress oxydatif, un facteur impliqué dans le vieillissement et diverses maladies chroniques. Plusieurs recherches ont montré que le thé vert, en particulier, peut aider à réduire le risque de maladies cardiovasculaires en abaissant les niveaux de cholestérol et en améliorant la fonction des vaisseaux sanguins.

De plus, des études indiquent que la consommation de thé est associée à une réduction du risque de certains types de cancers, notamment celui de la prostate, du sein et de la peau. Le thé noir, quant à lui, contient des flavonoïdes qui peuvent améliorer la santé cognitive et réduire le risque de démence à long terme. Enfin, le thé est connu pour ses effets bénéfiques sur la digestion et son rôle dans la gestion du poids, notamment grâce à la capacité de ses composants à stimuler le métabolisme et à améliorer la combustion des graisses .

Quels sont ses Bienfaits ?

L'histoire du thé remonterait à plus de 5 000 ans et trouve son origine en Chine, où une légende populaire attribue la découverte de cette boisson à l'empereur Shen Nong en 2737 avant J.-C. Des fouilles archéologiques ont mis a jour des objets contenant du thé dans des tombes datant de la dynastie des Han (-206 à 220), mais c'est sous la dynastie Tang (618 à 906), que le thé s'est définitivement établi comme la boisson nationale de la Chine. Il s'est ensuite diffusé vers le Japon au 9ème siècle via des moines boudhistes, où il a trouvé une place prépondérante dans la culture, en particulier lors des rites de la cérémonie du thé. Le thé est ensuite introduit en Europe au 17ème siècle par des marchands hollandais, ou il est devenu un produit de luxe prisé et a rapidement conquis la noblesse et l’aristocratie.

Pour répondre à la demande croissante, les Britanniques ont implanté en Inde des plantations au début du 19ème siècle, marquant le début de la production industrielle dans des régions comme Assam et Darjeeling. Aujourd'hui, avec plus de 3 milliards de consommateurs dans le monde, le thé est la deuxième boisson la plus consommée après l’eau. Avec une production mondiale de plus de 6,5 milliards de kilogrammes par an, l’industrie du thé emploie environ 13 millions de personnes dans les usines de transformation et dans les plantations de thé dont la superficie a l’échelle mondiale est estimée a plus de 5 millions d’hectares.

Les premières tentatives de culture du thé à Maurice remontent aux années 1760, sous l'administration française. L’abbe Réné Galloys, naturaliste du roi, missionné par Pierre Poivre, introduit les premiers plans de thé depuis la Chine. Mais ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que la culture du thé s'implanta durablement. Les Britanniques, à la recherche de moyens pour diversifier l'économie de l'île, alors principalement axée sur la canne à sucre, ont vu en Maurice un terrain fertile pour le développement du thé et y ont introduit des plants issus d’un pays voisin, le Sri Lanka, autrefois connus sous le nom de Ceylan.

En 1892, les premières plantations commerciales et une usine furent établies à Bois Chéri par la compagnie Le Breton Boure, Drouin & Cie, sur les hauteurs du sud de l'île, où le climat frais et les précipitations abondantes offraient des conditions idéales. Sous la surveillance des autorités britanniques et grâce aux labeurs des travailleurs engagés venus d'Inde, la culture du thé connut une expansion rapide au début du XXe siècle. La région de Bois Chéri devint un centre de production, non seulement pour la consommation locale, mais également pour l'exportation, contribuant à l'identité économique naissante de l'île.

Les Premières Plantations de Thé à Maurice

Les plantations de Bois Chéri sont situées à une altitude moyenne de 400 à 600 mètres, bénéficiant ainsi d'un climat tropical humide idéal pour la culture du thé. La pluviométrie annuelle élevée, combinée à des températures modérées, crée des conditions optimales pour la croissance des plants. Le cycle de culture commence par la plantation des jeunes plants de thé, qui sont soigneusement sélectionnés pour leur résistance et leur capacité à produire des feuilles de haute qualité. Les théiers sont espacés de manière à permettre une circulation d'air optimale et une exposition uniforme à la lumière solaire, ce qui est crucial pour le développement des arômes.

La récolte de thé à Maurice repose sur un savoir-faire inchangé depuis son implantation sur l’ile. La cueillette des jeunes feuilles de thé est faite principalement à la main, ce qui permet de sélectionner uniquement les bourgeons et les deux feuilles adjacentes, les plus tendres et aromatiques. Cette méthode, bien que laborieuse, est cruciale pour garantir la qualité supérieure du thé. Les cueilleurs, souvent des femmes, sont formés à cette technique de cueillette fine, qui nécessite un œil expert et une main habile. En moyenne, un cueilleur peut récolter 30 kilogrammes de feuilles fraîches par jour, qui sont immédiatement pesées et transportées à l'usine pour éviter toute oxydation indésirable.

La Plantation et la Récolte
Le Processus de Production

A l'usine, les feuilles fraîches subissent un processus rigoureux de transformation qui comprend plusieurs étapes clés. La première étape est le flétrissage. Les feuilles sont étalées sur des grilles et exposées à un courant d'air chaud pour réduire leur teneur en eau. Cette étape assouplit les feuilles et les prépare pour la transformation ultérieure. Les feuilles flétries sont ensuite roulées ou coupées mécaniquement pour briser leurs cellules et libérer les enzymes nécessaires à l’oxydation. Cette étape contribue également à la formation des arômes complexes du thé.

Les feuilles roulées sont étalées dans des chambres à température et humidité contrôlées pour permettre l’oxydation. Elle dure entre 30 minutes et 2 heures, durant laquelle les feuilles prennent une teinte cuivrée caractéristique et développent leur saveur unique. Après l’oxydation, les feuilles sont séchées à environ 110°C pour stopper le processus enzymatique et réduire leur teneur en eau à environ 3%. Cette étape stabilise les feuilles et les prépare pour la consommation. Enfin, les feuilles séchées sont nettoyées et triées par taille et qualité avant d'être emballées pour la vente.

Une Identité Culturelle et Économique à Préserver

Le thé occupe une place centrale dans la vie culturelle de l'île Maurice. Il est présent quotidiennement lors des moments de convivialité, au sein des familles comme dans les lieux de rencontre. Les Mauriciens consomment leur thé de manière unique, souvent agrémenté de lait et de sucre, une habitude héritée de l'époque coloniale britannique. En parallèle, le thé mauricien a su s'imposer comme un élément essentiel du secteur touristique. Des plantations comme Bois Chéri offrent aux visiteurs l'occasion de découvrir le processus de production du thé, de la feuille à la tasse, tout en plongeant dans l'histoire de cette boisson emblématique. Ces visites guidées, accompagnées de dégustations, font du thé un véritable ambassadeur de l'île Maurice, séduisant tant les locaux que les touristes.

Cependant, la production de thé à Maurice est confrontée à des défis majeurs. Le changement climatique, avec ses périodes de sécheresse plus fréquentes et ses températures fluctuantes, menace la qualité et les rendements des récoltes. À cela s'ajoute la concurrence internationale, principalement des pays comme l'Inde et le Sri Lanka, qui bénéficient de coûts de production plus bas. Pour surmonter ces obstacles, les producteurs mauriciens misent sur l'innovation, l'agriculture biologique et la diversification vers des thés haut de gamme, ciblant un marché de niche plus exigeant. La préservation de cette culture, tant sur le plan économique que culturel, passe par une adaptation continue, un investissement dans la qualité, et une valorisation de l'unicité du thé mauricien sur la scène internationale.